
« L’Aventure, c’est inventer sa vie »
Jean Louis ETIENNE, médecin explorateur
Novembre 2017.
Bientôt dix mois que j’ai remis les pieds sur le sol de ma douce France, après le même nombre de mois passés à vagabonder sous les étoiles d’Amérique. 295 jours de voyage en solo, 6 pays de l’Alaska à la Terre de feu, et près de 10 000 kilomètres de bike trip qui m’ont plongé dans une première grande aventure inoubliable.


La Rochelle, ma ville de cœur. J’entre dans le hall de l’Espace Encan, QG automnal annuel du Festival International du Film d’Aventure.
Une semaine de projections et de rencontres. La tête dans les images d’expéditions, de projets fous, de défis, d’entraide, de protection de la nature. Des volontés et des choix hors du commun. Certaines images éblouissent, d’autres touchent, inspirent.
Le type de rendez-vous qui m’est cher, me propulse vers de nouveaux rêves, de nouvelles ambitions, et défriche le champ des possibles. Parenthèse captivante, shoot d’oxygène dans un quotidien redevenu linéaire, à nouveau planifié et rythmé à 100 à l’heure.


J’y découvre « Via Alpina, l’envers du chemin », un documentaire sur la traversée intégrale des Alpes à travers huit pays d’Europe. Matthieu CHAMBAUD, le réalisateur, y retrace quatre mois de marche en solitaire, à la rencontre de soi et des autres, de ce qui fait un voyage, des raisons qui poussent à ce cheminement.
Une lumière s’allume dans mon esprit, une émotion particulière dans le récit. J’y retrouve des ressentis qui me sont proches, et me renvoient à mon expérience de voyage encore fraîche.
C’était il y a presque quatre ans. L’idée éclot et ne me quittera plus. Comme un animal tapi à l’intérieur, parfois en sommeil, parfois l’œil ouvert, une oreille tendue, guettant le prochain mouvement. Patientant sagement ou se réveillant pour rugir de plaisir, de rage ou d’impatience, me rappelant qu’il est temps de ré ouvrir sa porte vers de nouveaux horizons.
Au printemps 2018, un an après mon retour en France, une évolution professionnelle m’amène à rejoindre le siège de mon entreprise dans la région de Montpellier.
Trois dans le Sud qui vont m’offrir la possibilité d’aller crapahuter dans nos superbes massifs Français ; Queyras, Écrins, Mercantour, Vercors, Cévennes…
Me tester sur des trésors de sentiers et de bivouacs, retrouver ces sensations de lâcher prise, de simplicité, d’accomplissement pur, et conforter cet appel vers la moyenne et haute montagne.


Les projets s’enchainent dans mon environnement personnel et professionnel. Je mûris, apprends de nouvelles compétences, rencontre et évolue auprès de nombres de personnes. J’élargi mon champ de vision, entrouvre la fenêtre de nouvelles pistes, sans prendre le temps de les poser, de les évaluer comme je le voudrais.
Trois ans plus tard, j’ai affiné mes besoins et œuvré pour maintenir au mieux mes valeurs et aspirations profondes à flot. D’un point de vue professionnel, ça ne suffit plus, un cycle se termine. Je ressens le besoin de nouvelles ambitions, plus indépendantes.
Et l’envie d’inventer la suite de ma vie en prenant le temps de la dessiner à ma manière. Faire le choix de ne pas suivre les pancartes des routes toutes tracées. Emprunter les chemins de traverse, les itinéraires bis, délaissés par la majorité, au risque de tomber dans une impasse, ou au contraire, d’accéder à une beauté préservée qui ne s’offre qu’a ceux qui auront eu le courage de s’y aventurer.

Prendre de la hauteur, au sens propre comme au figuré.
Le projet « Via Alpina » s’illumine alors naturellement. Ce sera pour cette année 2021.
La décision actée, le schéma organisationnel se remet en route instinctivement : évaluation de risque, timing, planification d’itinéraire, préparation de matériel, budget…
Mai 2021
Il est maintenant l’heure de repartir, boucler le sac à dos pour de nouveaux horizons.
Cette fois-ci, sans filet de sécurité. J’ai quitté mon travail, et clôture un chapitre de vie pour en écrire un nouveau, avec une sérénité intérieure qui me conforte dans mon choix et équilibre le tumulte des changements des derniers mois écoulés.
Je me languis de retrouver la montagne ; ses bruits, son rythme, son ambiance, ses sautes d’humeur d’un versant à l’autre.
« Troquer ses bonnes manières pour retrouver les manières vraies »
Stéphanie Bodet, grimpeuse professionnelle.
